LA LUTTE CONTRE LE CANCER SOUFFRE DU COVID

La crise sanitaire a frappé de plein fouet la lutte contre le cancer, et en ce mois d’Octobre Rose, dédié aux actions contre le cancer du sein, le constat est alarmiste avec une forte baisse des dépistages provoquant une augmentation prévisible du nombre de décès. Les manifestations prévues en Aveyron durant ce mois d’Octobre Rose en faveur de la Ligue contre le Cancer, qui finance la recherche médicale, sont également en grosse diminution.

En ce mois d’Octobre Rose, dédié aux actions en faveur de la lutte contre le cancer du sein, les chiffres donnent le tournis. La crise sanitaire a provoqué un ralentissement tel des dépistages, en particulier du cancer du sein, que le président de la Fondation ARC n’a pas hésité à annoncer auprès de France Info que « l’augmentation de la mortalité par cancer du sein se situera entre 1% et 5% dans les 10 ans à venir ».

La situation s’était très vite dégradée avec le confinement, et dès le mois de juin, les experts sonnaient le tocsin, pour insister sur le risque d’augmentation des décès consécutifs à des dépistages moins nombreux et diagnostics trop tardifs. Le Professeur Blay, Président d’«Unicancer », évoquait ainsi dans le Parisien un chiffre de « 5000 à 10000 morts supplémentaires ».

L’Aveyron n’échappe pas à cette tendance nationale. Le constat est semblable dans les deux associations qui oeuvrent à la lutte contre le Cancer, le Comité de sensibilisation pour le dépistage et la Ligue contre le Cancer.

Pour Marie Rouget, la coordinatrice du comité pour le dépistage, la crise sanitaire a provoqué un impact majeur, avec l’arrêt complet de toutes les mammographies dans l’ensemble des cabinets de radiologie, privés ou en hôpitaux, du mois de mars au mois de juin. D’où à ce jour, un retard d’environ 2000 dépistages du cancer du sein. Une situation qui survient alors que déjà, en période « normale », ce sont seulement entre 47 et 50% des femmes entre 50 et 74 ans, qui effectuent leur mammographie lorsqu’elles reçoivent l’invitation de la part de l’ADECA pour un test gratuit.

Les conséquences de cette baisse ne peuvent qu’être dommageables, et Marie Rouget s’insurge à constater que des cancers comme celui du sein, du colon, de la peau, de l’utérus, pourraient tellement être moins fréquents si tous et toutes acceptaient de s’astreindre aux protocoles de dépistage qui existent pour ces quatre cancers.

Par ricochet, le comité de dépistage a fait le choix d’une reprise très rapide de son activité de sensibilisation aux dépistages, et pour le deuxième semestre, la totalité des actions sur le terrain a été conservée. Ainsi formations et ateliers ont repris normalement, à travers toute l’Aveyron. Ceci pour répondre au credo de l’équipe du comité : « Notre message est que le dépistage nous garde en vie. Alors, il faut continuer les actions. Pour montrer que la vie continue ! »

Pour la Ligue contre le Cancer, le contexte n’est pas tout à fait le même, et surtout en ce mois d’Octobre Rose, l’impact de la crise sanitaire pèse fortement. Parce qu’au nom du principe de précaution, la majorité des manifestations mises sur pied par ou en faveur de la Ligue ont été stoppées.

Ainsi de la marche de Decazeville, qui n’a pu avoir lieu avec ses 200 participants, suite au refus du Maire d’accueillir un rassemblement de plus de 50 personnes ! La Belle de Millau, épreuve phare pour la Ligue, qui a reçu 108.430 euros depuis sa création en 2014, garde le cap, portée par les bénévoles de « Sud Aveyron Cancer », qui s’investissent avec force pour que la marche-course puisse se tenir le dimanche 18 octobre, et que les engagements soient les plus nombreux possibles, pour un versement maximal à la Ligue. Mais là aussi l’incertitude demeure avec un gros retard sur les chiffres habituels de participation.

En tous les cas, ce don sera particulièrement le bienvenu en cette fin d’année, où le budget de la Ligue de l’Aveyron a beaucoup souffert, justement du fait de l’arrêt des manifestations publiques.

François Arnal, son président, ne le dissimule pas, c’est pratiquement la moitié du budget de la Ligue qui est affecté par cette problématique. Mais heureusement, la Ligue a pu compter sur un engagement sans faille des donateurs individuels. Ce sont en effet chaque année entre 2700 et 3000 personnes qui font un versement à la Ligue de l’Aveyron, d’une moyenne de 73 euros. Et cette somme d’environ 200.000 euros, soit 50% du budget, n’a nullement été réduite, démontrant la fidélité des donateurs.

Un soutien fort qui permettra ainsi à la Ligue de l’Aveyron de maintenir son engagement en faveur de la recherche médicale, avec une somme de 150.000 euros reversées aux équipes de chercheurs de l’Occitanie, pour un montant habituel variant entre 150 et 200.000 euros.

Toutefois, pour réussir ce challenge dans un contexte financier tendu, la Ligue a pris le parti de puiser dans ses réserves. Avec bien sûr l’espoir que cette situation exceptionnelle ne se poursuive pas sur l’année 2021 !

En parallèle, la Ligue a aussi été contrainte à stopper complètement son programme habituel dans le domaine des soins sociaux et esthétiques, du mois de mars à juillet. Et ce n’est que depuis trois mois que les groupes de paroles et soins esthétiques ont repris, avec tout de même une moindre fréquentation.

Un contexte dommageable, puisqu’il provoque un isolement plus grand des malades et de leurs familles dans cette lutte contre cette maladie si meurtrière à ne surtout pas oublier à côté du COVID.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photos : D.R.

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