EXO DAMS, le coureur artiste photographe de Millau

EXO DAMS, c’est le nom choisi par Damien Delos, dans cette nouvelle vie qu’il s’est construite après avoir traversé des moments difficiles, une enfance dans la pauvreté, un début de vie adulte dans l’armée, une transition compliquée vers la vie civile. C’est en participant aux Templiers en 2014, qu’Exo Dams découvrait l’environnement de Millau, et que germait l’idée de s’y installer. Voilà cinq ans maintenant que cet ancien nordiste s’y est reconstruit, en immersion dans cette nature exceptionnelle qu’il immortalise à longueur d’année en artiste photographe.

Je voudrais revenir sur ta curiosité, ton surnom ! Peux tu m’expliquer pourquoi tu es plus connu comme EXO DAMS que comme Damien Delos, ton « vrai » nom ?

Exo Dams : « Cela m’est venu il y a quelques années. J’ai commencé à regarder la lune, les étoiles. Je ne suis pas un spécialiste de l’astronomie, mais je suis très attiré par la lumière de la lune. J’ai l’impression qu’elle a un pouvoir sur moi, pour dormir, sur mon humeur. Je m’y suis intéressé, aux Exo. Quand je suis arrivé à Millau, et déjà aussi à Nîmes, je courais beaucoup tout seul, je crapahutais seul. Encore aujourd’hui, même si j’ai une famille et des amis, je passe beaucoup de temps seul, c’est un besoin. Pour moi, la solitude, je l’ai choisie, ce n’est pas un mal, je suis heureux quand je suis seul. Ma petite phrase à moi, c’est « je tourne autour de mon étoile ». C’est mon petit monde à moi, je tourne autour tous les jours, je ne juge personne, personne ne me juge. J’ai donc utilisé EXO, pour EXO Planète. C’est métaphorique. J’ai ajouté DAMS pour Damien. Au début, ça m’a semblé bizarre, d’écrire EXO DAMS, et je me suis habitué ! »

Ce concept de « Je tourne autour ma propre planète », on pourrait dire aussi autour de ton nombril, ça fait longtemps que tu l’appliques ? Ou bien est-ce venu suite à certains évènements de ta vie ?

Exo Dams : « Plus jeune, j’ai été beaucoup entouré. J’avais beaucoup d’amis autour de moi, dans ma chambre, quand j’étais ado. Quand j’étais militaire, j’avais beaucoup d’amis à la maison, apéro et tout ça, les boîtes de nuit. A un moment, je me suis aperçu que j’ai beaucoup donné, matériellement, financièrement, à des amis. J’ai beaucoup prêté d’argent, qui ne m’est jamais revenu. A un moment, j’ai pensé, à quoi bon, tu perds ton temps, ton énergie, pour rien. Quand tu es tout seul, ces gens-là ne reviennent pas, surtout quand tu es en galère. Et j’ai été beaucoup en galère, j’ai été dans des situations où je n’arrivais pas à finir les fins de mois, j’étais tout seul, je n’avais pas un euro, j’ai été au RSA pendant longtemps, j’ai passé plusieurs jours sans manger. J’avais un chien, ma priorité était qu’il mange, je passais après. Dans ces moments-là, j’ai beaucoup réfléchi. Je me suis mis à marcher, à courir, seul. Je me suis reconstruis. Je me sentais bien seul. Tout doucement, je me suis réouvert aux autres ensuite. L’armée a beaucoup joué. L’armée, c’est un groupe, c’est la cohésion, on est tout le temps tous ensemble, on ne fait rien l’un sans l’autre. J’y ai vécu des moments difficiles. L’armée m’a beaucoup construit d’un point de vue personnel, mais j’ai vécu beaucoup de choses sous la contrainte. C’est comme les trails aujourd’hui, tout me paraît facile, car à l’armée, on m’a fait beaucoup marcher, et on m’a obligé à le faire. Aujourd’hui tout est devenu plus facile. Après l’armée, vers 22-23 ans, j’ai commencé à faire du VTT Trial, dans le nord de la France. Plus tard à Nîmes, j’ai commencé à courir seul, j’ai pris du plaisir. C’est un peu ma thérapie à moi. Même si j’ai beaucoup d’amis, je n’ai plus trop envie d’être entouré. Aujourd’hui, quand je suis avec du monde, j’ai une grosse charge émotionnelle sur moi. J’ai l’impression de tout ressentir, le malheur des uns, le bonheur d’un autre. Cela me perturbe. Je suis très empathique. Même altruiste. Je donne tout de suite la main à quelqu’un qui n’est pas bien. Si je vois des gens qui se bagarrent, je me mets entre les deux, sans réfléchir. »

Empathique, altruiste, une personne qui s’intercale entre les gens. Cela ne correspond pas tellement ce qu’on associerait à quelqu’un qui choisit d’être militaire. Comment le parcours s’est-il construit pour que tu deviennes militaire ?

Exo Dams : « Oui, on peut en parler. Mes parents étaient assez pauvres. Nous étions 5 enfants. On habitait dans un grand quartier à Châlons sur Marne. La vie n’était pas simple. J’ai un grand frère, qui a 4 ans de plus que moi, qui est rentré à 18 ans dans l’armée. Le premier week-end, où il est rentré, ma mère a ouvert la porte et s’est effondrée en larmes. Le souvenir est intact. Là, j’ai su que ce métier allait nous sortir de la galère, qu’il allait me permettre d’aider ma famille à s’en sortir financièrement. Moi, à 18 ans, j’ai pu rentrer dans l’armée. J’avais été impressionné de voir arriver mon frère dans son uniforme, je connaissais mon frère qui jouait aux jeux vidéo dans la chambre. Ca m’a donné envie. Cela m’a recadré. Je n’ai pas été à l’école de 16 à 18 ans. Je zonais. J’étais le petit caïd du quartier. J’ai appris le respect de la hiérarchie, le sport. Cela m’a permis de voyager. J’ai pu aller en Afrique, dans les pays de l’Est, au Kosovo, en Serbie. A mon retour, je me suis juré que plus jamais, je ne me plaindrai, peu importe ma situation. Aujourd’hui, je suis heureux, je ne suis pas matérialiste pour un sou. A part pour mon appareil photo ! »

Pour quelles raisons n’as-tu pas souhaité prolonger ton contrat dans l’armée ? il y avait une saturation ?

Exo Dams : « Clairement, il y avait saturation. Etre militaire, c’est un métier 24 sur 24. J’étais dans un régiment d’infanterie qui bougeait beaucoup. J’ai regretté d’avoir choisi ce régiment car il y en a bien d’autres où on ne bouge pas et on gagne beaucoup plus. Moi, je passais mes journées à crapahuter dehors, à creuser des trous, à dormir dans la neige, pour gagner 1200 euros par mois. Et ça me prenait tout mon temps. Parfois je rentrais de week end après 3 semaines de terrain, et on me rappelait pour une mission ou pour monter la garde. Toute ma vie tournait autour de ça. Je ne pouvais rien faire d’autre. Et à l’armée, si tu fais une petite bêtise, ils peuvent t’enfermer pendant 30 jours. Ce n’est pas comme un travail normal. Si tu travailles à Carrefour, et que tu fais une bêtise, on ne t’enferme pas. Moi, j’avais une petite amie. J’étais un peu fougueux et rebelle. Parfois, pour une bêtise, on m’enfermait à la caserne pendant 15 jours, je ne pouvais plus voir ma petite amie. Il y a eu beaucoup de choses comme ça qui ont fait que ça me prenait trop de temps dans ma vie. J’avais besoin de prendre l’air, d’être tout seul. En fait, j’avais envie d’être libre. Et ça m’a beaucoup mangé ma liberté. »

Le fait d’avoir aussi été actif dans des zones de combat a-t-il aussi contribué à cette saturation ?

Exo Dams : « C’était dur. J’ai vécu des trucs compliqués. J’étais en Côte d’Ivoire quand on a désarmé les rebelles qui étaient au milieu des villages. J’ai vu des choses difficiles. Ce ne sont pas des trucs que j’avais forcément envie de vivre. Je l’ai vécu, je sais comment ça se passe. Quand je regarde les infos, c’est plus clair. Mais je ne suis pas quelqu’un de violent, de méchant. S’il faut se défendre, je saurai le faire. En fait, je suis rentré dans l’armée plus pour l’image, pour ma famille, plus que par passion. J’ai vu des gars réussir dans l’armée, ils ne rentraient pas chez eux le week-end, ils n’avaient pas d’accroche avec leur famille. Moi, je n’attendais que le week-end, prendre le train pour rentrer. Maintenant je ne veux plus monter dans le train car pour moi, c’est synonyme de tristesse, de départs, de quitter ma petite copine, ma mère. A un moment, j’ai eu l’occasion de partir, j’ai dit stop. »

Quand tu sors de l’armée, ce n’est pas tout à fait retour à la case départ, mais tu n’es tout de même pas dans une situation exceptionnelle. Tu as alors traversé un creux dans ta vie.

Exo Dams : « Ca a été compliqué. Quand on est dans l’armée, on passe des brevets, des diplômes. J’ai tiré des missiles qui valaient 100.000 francs chacun, on ne les donnait pas à n’importe qui. J’avais beaucoup bossé pour pouvoir le faire. J’avais passé un grade, de caporal. A l’armée, on ne fait pas que crapahuter, on passe aussi beaucoup de temps dans les salles de cours à étudier. J’ai eu aussi 4 médailles, en reconnaissance. Mais quand on sort de l’armée, ça ne sert à rien. Je suis arrivé dans le monde du travail civil avec aucun diplôme, à part mon petit brevet des collèges. Ce qui a été ma force est ce que l’armée m’a appris, la rigueur, l’esprit d’initiative, le travail d’équipe, ma façon de m’exprimer qui est claire et franche. Ce qui se rapprochait le plus de l’armée, c’était la sécurité. C’est ce que j’ai fait, j’ai eu un diplôme en 6 mois, et j’ai fait de la sécurité pendant 1 ou 2 ans. Mais c’est une période où je n’ai pas eu vraiment le choix. »

Alors comment te retrouves-tu à Millau ?

Exo Dams : « Par les Templiers. Quand je suis arrivé à Nîmes, j’ai commencé à courir. Pour moi, c’est ma thérapie à moi. C’est un échange entre moi et la planète. C’est un échange d’énergie. En 2014, des collègues du rayon running à Décathlon m’ont parlé des Templiers. Moi, je ne connaissais rien du tout, ni Millau, ni le viaduc. Ils m’ont montré des photos.  C’était en septembre. Il n’y avait plus de dossards. Un soir, sur Facebook, comme par hasard, je vois un mec qui vend un dossard. Pour moi, dans ma vie, il n’y a pas de hasard, les choses arrivent car elles doivent arriver. J’ai récupéré ce dossard. Je ne savais rien sur la course, je ne savais pas dans quoi je m’engageais. Quand je courais dans la garrigue, je faisais 20 km avec 100 mètres de dénivelé. Je suis mince, j’avais des facilités, et ancien militaire, je savais ce que c’était que d’avoir mal. Je me prenais pour un champion. Pour moi, c’était les doigts dans le nez. Un copain m’a amené, on est arrivés le soir, j’ai vu Millau au loin depuis le Panoramique. On m’a déposé le lendemain matin à 5 heures dans le sas. Je me suis demandé dans quoi j’étais tombé, il y avait tout ce monde et d’un seul coup, les flambeaux. J’ai souffert comme jamais. J’ai mis 13h30. J’ai découvert quelque chose d’exceptionnel. Pas seulement la course, les décors. Moi, je suis passionné par le Colorado, j’adorerai y aller. Là, j’ai eu l’impression de me retrouver dans le Colorado. J’appelais ça mon petit Colorado. J’ai le souvenir quand on traversait les hameaux, les maisons en pierre. Pour moi, un citadin, c’était merveilleux à voir. J’avais mon prénom sur le dossard, tout le monde me criait Allez Damien, j’avais l’impression qu’on me connaissait. Cela m’a fait beaucoup d’émotions. J’ai le souvenir des derniers kilomètres en montant la Pouncho, il faisait très chaud. Je voyais les parapentes qui volaient, les vautours. Je me disais c’est quoi ce truc. En sortant de la Grotte du Hibou, j’avais des crampes. J’étais couché par terre, les mecs me sautaient par-dessus, je n’avais plus d’eau, j’étais parti en un bidon d’un demi-litre. J’ai galéré. Puis j’ai passé l’arche. Et j’ai pensé, si je dois mourir quelque part, ce sera ici. C’est là que je veux être. J’étais heureux d’être là, malgré la souffrance. Il a fallu un peu de temps pour venir ici. Il s’est passé 1 an et demi. J’ai pu quitter Décathlon. Ca a été l’occasion. J’avais un ami de Nîmes qui habitait à Aguessac, par hasard, il m’a contacté, et je l’ai rejoint. Je suis arrivé avec mon vélo, mon chien, en mars 2016. »

En mars 2016, tu arrives à Millau. On peut dire que c’est le premier jour du reste de ta vie ?

Exo Dams : « Exactement. J’étais avec ce gars, je suis resté avec lui jusqu’à la fin de l’été, puis j’ai pris mon petit appartement. Oui, cela a été le départ de ma nouvelle vie. Et moi, je découvre toujours plein de trucs. J’étais sur le Boffi hier, c’est à 5 km d’ici, j’ai l’impression de toujours découvrir du nouveau, je m’intéresse aux oiseaux, aux vautours. J’ai envie de m’intéresser à plein de choses très terre à terre. Avant, plus jeune, à l’époque de l’armée, il me fallait toujours le dernier téléphone, la dernière console, la plus grosse télé. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Je prends plaisir à marcher seul, à découvrir tous ces lieux. Moi, je répète souvent qu’on a de la chance ici. Je ne pars jamais en vacances, moi, je suis en vacances tous les jours. Je ne sors pas de l’Aveyron. Je n’ai aucun intérêt à aller ailleurs. Je suis tellement heureux au quotidien ici. Moi, ce qui m’a vraiment marqué quand j’ai habité à Millau, c’est que dans la rue, les gens me croisaient et me disaient bonjour. J’ai tellement vécu dans des villes comme Nîmes, Montpellier, où tu croises tout le monde, et personne ne se connaît, on a même peur les uns des autres. Ici, j’ai l’impression que tout le monde vient vers moi. Il y a un échange de regard. On a tous quelque chose en commun, l’environnement qui nous entoure. Moi, c’est la course à pied, j’ai rencontré des parapentistes, spéléologues… qui sont tous passionnés de leur environnement, dans des façons différentes de le découvrir, de le partager. J’ai trouvé ça génial, cette force autour de la nature. J’ai enfin l’impression d’être chez moi. Millau, je l’ai choisi. Je n’avais pas choisi mes autres villes avant. »

Depuis peu, tu as d’ailleurs été rejoint à Millau par ton père.

Exo Dams : « Oui. C’est mon beau-père, il m’a élevé depuis l’âge de 2 ans et demi. C’est bizarre car c’est la même vie que je reproduis, je suis aussi beau-père, de Thibault, je l’ai connu à 2 ans et demi, et il a 6 ans. Je vis la chose que mon père a vécue. Il m’a élevé. La vie n’a pas été facile. Ma mère était un peu malade, il y avait 5 enfants. Ce gars-là, je parle de mon père, a été une force dans ma façon de vivre. Mon père était tellement pauvre, il avait 2-3 boulots en même temps. En intérim dans des travaux, veilleur la nuit. Il a été aussi péagier dans un péage. Il marchait tous les jours 10 km pour y aller. Il n’avait pas l’argent pour une voiture. Il préférait acheter des pâtes pour mes petites sœurs plutôt que de mettre de l’essence. J’ai vu mon père faire ça et je lui ai dit que c’est grâce à lui que je suis comme ça, que je n’ai pas peur de parcourir des kilomètres. Quatre jours par semaine, il se levait à 4 heures du matin, il marchait 2 heures sur des routes de campagne, dans le noir, il faisait son travail, et il revenait dans l’autre sens. Cela a été un exemple pour moi. Depuis quelques années, il s’est retrouvé seul, ma maman est partie au ciel. Il a été chez mes sœurs vers Bordeaux. Il y a un an, j’ai ressenti le besoin de le voir, de partager des choses avec lui. Même si je suis loin d’être riche, j’avais des choses à partager, à montrer. C’est la personne dont je suis le plus reconnaissant de ce que je suis aujourd’hui. Je lui ai envoyé un message de venir. Il est venu un mois à Millau. On l’a promené. Il se trouvait bien ici. Un appartement s’est libéré dans ma résidence. Il a pris ce studio. Ce qui me rend heureux, c’est qu’il partage tous les jours des moments avec Thibault. Ils s’aiment, ce sont des acolytes. Mon père est heureux, il joue avec lui au ballon. C’est quelque chose qui me rend heureux de les voir ensemble. Cela me fait beaucoup de bien. »

On peut dire que tu as atteint un équilibre dans ta vie maintenant.

Exo Dams : « On partira tous à un moment. Pour lui, je n’aurai aucun regret sur les dernières années qu’on aura passées ensemble. On aura plein de souvenirs. Des photos. Il y a encore un an, je n’avais aucun souvenir. Ma mère, je n’ai rien d’elle, une seule petite photo. Là aujourd’hui, je suis heureux de penser que tous, on se souviendra de lui, mon petit, ma femme. Je le vois souriant tous les jours. Il a pu s’acheter une petite voiture. Il a 73 ans, c’est la première fois qu’il a une voiture à lui ! Il a eu une vie très pauvre. Moi, ça me rend heureux de le voir heureux. C’est de la reconnaissance car cela n’a pas été facile pour lui. Il m’a toujours soutenu dans mes démarches. Il m’a toujours été là pour moi. Je le sens apaisé. »

Maintenant dans ta nouvelle vie, on te connaît surtout dans le domaine de la photographie et course à pied. Comment es-tu arrivé à la photo ?

Exo Dams : « Moi, je viens de la ville. J’ai grandi en quartier, dans la Marne, à côté de la région parisienne, dans des immeubles. Je n’ai pas eu de contact avec la nature jusqu’à 18 ans, à mon départ à l’armée. Après l’armée, et mon travail dans la sécurité, on s’est séparés avec mon amie. Elle était très attachée au Nord, et moi, je voulais partir dans le Sud. Je disais je préfère être SDF dans le sud que rester dans le nord. Mon frère venait de se faire muter à Nîmes, je l’ai rejoint. J’avais trouvé un contrat à Décathlon. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à courir dans la garrigue. Je courais avec une petite Go pro. J’étais trop heureux, je voyais le Pic St Loup au loin. Je mettais les photos sur Strava, j’ai été reconnu comme coureur-photographe. Puis je suis arrivé dans l’Aveyron, toujours avec mon appareil photo. C’est ma petite sœur qui m’avait offert mon premier appareil photo Olympus. En arrivant dans l’Aveyron, je me suis installé à Aguessac. Je dois préciser que je ne conduis plus depuis l’âge de 18 ans. Je faisais l’aller-retour tous les jours en vélo, pour venir travailler à Millau. Avec toujours mon appareil photo. Le matin je prenais le lever de soleil. Le soir, je faisais ma petite photo. Facebook a commencé à se développer, j’ai mis mes photos. Il n’y avait que mes petites sœurs qui voyaient ça. Puis j’ai associé les chaussures avec la photo. J’avais toujours une Go pro, avec une perche. Quand je courais, je prenais en photo mes pieds, dans l’idée de me faire connaître. Ces photos ont plu, on me disait que j’avais un regard. Je me suis pris de passion pour les Causses, la Pouncho. Je pouvais prendre la Pouncho trois fois par jour. De fil en aiguille, grâce à Guilhem (Prax), nous sommes devenus amis, j’ai travaillé avec lui, il a partagé mes photos. Tout le monde a commencé à voir qu’un certain Exo Dams faisait des photos. Je suis un autodidacte de la photo. J’étais frustré par mon matériel. Depuis un an, mes amis, mon père, mon amie m’ont aidé pour investir dans du matériel de pro. Mais je ne vais pas dire que je suis photographe. Moi, j’ai envie d’être un artiste. L’appareil photo est un outil. Comme un pinceau pour un peintre. L’appareil me permet de figer les instants, les lumières. C’est juste un outil pour retranscrire ce que je vois sur le terrain. Je n’aime pas le mot de photographe car maintenant tout le monde est photographe avec les iphones. On me demande souvent d’acheter des photos, mais je ne suis pas intéressé. Je veux devenir un artiste reconnu. Comme l’artiste photographe de Millau. »

Entretien réalisé par Odile Baudrier

Photos de Gilles Bertrand