Anita Afonso-Pellew, de Millau à Londres

Au milieu des années 90, Anita Afonso-Pellew a vécu quelques années à Millau, à la faveur de la fonction de Pasteur de son père. Son parcours éclectique l’a ensuite amenée à travers la France, puis à Londres, qu’elle a tout récemment retrouvé, avec toute sa famille. Mais Millau demeure toujours présent dans son cœur. Vingt ans plus tard, elle continue à s’y immerger chaque année comme bénévole pour le Festival des Templiers.

O.B. Quand as-tu vécu à Millau et dans quel contexte ?

A.A. : Je suis arrivée à Millau pour la seconde, et j’ai fait tout mon lycée à Jean Vigo. Ensuite, je suis partie à Rodez pour mes études de STAPS. Jusqu’à la maîtrise, je suis revenue à Millau, voir mes parents, qui ont ensuite quitté la ville. J’étais arrivée à Millau car je suis fille de Pasteur. La fonction exige que le Pasteur déménage environ tous les 7 ans. Il a fait 9 ans à Talence, en banlieue de Bordeaux. Puis il a trouvé un poste sur la paroisse de Millau St Affrique. Il y avait d’ailleurs toujours des jeux de mots sur Un africain à Saint Affrique !!

O.B. : Que te rappelles-tu de ta découverte de Millau à l’époque ?

A.A. : Pour nous, c’était un sacré changement. On arrivait de la « ville » et ça faisait un peu comme si on retournait à la campagne. Et comme c’était l’année du lycée, où on espérait plutôt voir plus grand… Je me rappelle qu’on avait du mal avec l’accent. Aussi il n’y avait pas beaucoup de personnes d’origine africaine comme nous. Cela nous avait fait une sacrée transition. Mon frère n’avait pas aimé, il était reparti de suite sur Bordeaux. Au-delà de ça, c’est une jolie petite ville. Et moi, je m’adapte facilement. Je faisais du tennis, du violon, toutes les activités d’avant.

O.B. : Le fait d’être parmi les rares Africains, cela t’a-t-il gênée ?

A.A. : Je ne l’ai jamais tellement ressenti. Je n’ai jamais eu de mal à m’intégrer, à me faire des amis. Et puis, dans mon cas, c’est un peu particulier. Un pasteur quand il arrive dans une nouvelle ville, en fait, il se retrouve au centre d’une communauté. Il y a un côté où les gens sont bienveillants, ils sont contents qu’on arrive. Le fait d’être dans cette bulle créée par le métier de mon père, on n’a jamais senti comme si on n’était pas les bienvenus. Au contraire. Tous mes déménagements se sont toujours bien passés. Pour moi, déménager a toujours été positif. On arrive dans une communauté où les gens sont contents. Je ne l’ai jamais vécu de manière négative ou comme un problème. C’était pareil à Bordeaux. On était la seule petite famille africaine, et ça se passait très bien.

O.B. : Cela t’a bien préparée pour la suite, puisque tu as pas mal bougé ensuite dans ta vie.

A.A : Après Millau, je suis partie à Rodez pour mes études, puis à Toulouse pour mon DEUG. Ensuite je voulais faire une maîtrise, dans l’événementiel sportif. J’avais envie de faire la meilleure maîtrise possible pour avoir la meilleure ligne possible sur mon CV. J’ai vu un super maître de conférences à Paris, M. Desbordes. Je suis partie à Orsay. Et ensuite un master à Marseille en école de commerce. J’ai un peu traversé la France.

O. B. : Et toujours avec la même capacité d’adaptation ?

A.A. : Toujours. Ce n’est jamais un frein pour moi de partir ailleurs. Au contraire. C’est m’ouvrir à des opportunités. Cela veut dire que je vais rencontrer de nouvelles personnes. Il va falloir m’adapter à un nouveau cadre. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé faire et qui ne m’a jamais freinée.

O.B. : Le hasard a fait que tu as effectué un nouveau séjour à Millau, professionnel cette fois.

A.A. : Oui, pendant mon master de Marseille, j’ai cherché un stage, et j’ai voulu le faire avec Evasion Sport, pour l’organisation des Templiers et Aubrac. Ce sont de gros évènements, avec une portée internationale. Cela a été une super opportunité, qui m’a énormément appris. Après le stage, j’ai fait quelques mois en contrat de travail. Et à ce moment-là, j’ai été appelée à Paris pour un entretien pour la Coupe du Monde de Rugby de 2007. J’ai eu un poste sur Bordeaux. J’étais assistante ressources humaines et chargée de mission pour les volontaires. Ma mission principale était de recruter les 600 bénévoles pour les 4 matchs. Et aussi gérer la partie ressources humaines du site de Bordeaux, le recrutement des assistants, des différents salariés.

O.B. : Cela a été une très belle expérience

A.A. : Oui, très belle. C’était autre chose, car sur un évènement comme les Templiers, comme c’est un plus « petit » évènement entre guillemets, on est amenés à voir l’évènement dans sa globalité, à toucher à tout. Alors que sur la Coupe du Monde de rugby, le poste est centré sur une mission précise. Et au-delà de soi, il y a une équipe immense de centaines de gens qui travaillent sur d’autres missions, comme le service aux équipes, le service du tournoi… On sent qu’on travaille pour un évènement gigantesque. Il y a beaucoup de pression. Et beaucoup d’émotions. C’est ce que j’aime.

O.B. : On te retrouve ensuite en Angleterre.

A.A. : Après la Coupe du monde de Rugby, j’ai voulu avoir un anglais parfait car je voulais vraiment travailler dans l’évènementiel sportif international. J’ai hésité entre les Etats-Unis et Londres. J’ai appelé ma famille à Londres qui pouvait m’héberger pendant 2 ou 3 semaines. J’ai cherché le maximum d’entretiens avant de partir. J’ai obtenu deux entretiens. Un dans une boîte qui vendait des tickets dans le sport, et un autre chez Nike, pour être vendeuse dans le gros magasin Nike d’Oxford Circus. Je m’étais dit aussi que même s’il fallait travailler dans une crêperie ou autre, ce n’était pas grave, que l’important était d’améliorer mon anglais. Et puis cet entretien chez Nike, au lendemain de mon arrivée, s’est très bien passé. On m’a proposée un poste au-delà de ce que j’espérais. Celui de manager pour le foot, et au vu de mon expérience sur la Coupe du Monde de rugby, d’assister sur l’organisation d’évènements du magasin. Par exemple, si on sortait un nouveau maillot de foot pour l’équipe Arsenal, il fallait organiser pour faire venir les joueurs. On m’a aussi demandé de m’impliquer sur le recrutement de l’équipe. J’étais Team Leader, il fallait embaucher les vendeurs, je participais aux entretiens. Ca a été une super expérience de travailler chez Nike pendant un an. Pour moi, super passionnée de sports, c’était LA marque de référence. Mais surtout, c’est une mentalité intéressante par rapport à la France. C’est vraiment porté sur l’esprit d’équipe, il y a la notion qu’on « appartient » à la marque. Le matin, avant de démarrer, on fait des cris de guerre. C’est très américain. Quand on est française, c’est bizarre, mais cela motive les équipes. C’est vraiment intéressant.

O.B. : Après, tu es partie sur une expérience très différente, celle de Park Run, qui a duré 5-6 ans. Cet évènement a proliféré en Angleterre et dans tous les pays anglo-saxons. Et tu as ensuite tenté de l’importer en France.

A.A. : On m’a parlé de Park Run quand j’étais chez Nike. Le responsable marketing de l’époque travaillait sur le foot et le running. Il connaissait mon CV, que j’avais une expérience dans l’événementiel. Il m’a dit qu’il avait signé avec Park Run. Il m’explique que c’est un gars qui fait courir les gens tous les samedis matins dans les parcs à Londres, gratuitement. Il savait qu’il voulait recruter pour développer en Angleterre. Sur le moment, je n’ai pas trop compris de quoi il me parlait. Ce n’est pas vraiment un évènement, c’est plus convivial, ce sont des gens qui se réunissent. Il a fait passer mon CV à Paul, le créateur de Park Run. Il m’a dit Ton CV est intéressant, viens à un Park Run samedi matin, et on fera l’entretien après. Je me suis retrouvée à Wimbledon, un samedi matin à 9 heures, et il y avait plein de monde. Quelqu’un a dit « Allez tout le monde, on fait un parcours de 5 km. 1.2.3 Partez ». Et je me suis retrouvée à faire mes 5 km au milieu de plein de gens, des familles, des parents avec des poussettes, des gens avec des chiens. J’ai suivi le groupe. A la fin, j’ai retrouvé Paul. Je venais de faire mon premier Park Run, je n’avais eu besoin de rien, pas de m’inscrire, pas de dossard, pas de balisage. Il y avait juste de la farine par terre ! On s’est vus au café, j’ai eu mon entretien. Il y avait alors 6 Park Run au Royaume Uni. Il m’a dit qu’il voulait que ça se développe partout en Angleterre. Puis on a parlé des bénévoles, j’avais cette expérience sur les Templiers et sur la Coupe du Monde de Rugby. Car l’idée d’un Park Run est que ça n’est géré que par des bénévoles, et la communauté locale. J’ai été recrutée pour développer Park Run au Royaume Uni.

O.B. : Et ce projet est devenu une sucess story.

A.A. : Absolument. Au début, en 2009, il y avait 5 Park Run, et quand j’ai quitté, en 2015, il y en avait plus de 200 au Royaume Uni. C’était devenu un phénomène incroyable. Aujourd’hui, c’est dans 22 pays dans le monde, il y a 2000 Park Run. Moi, du jour au lendemain, je me retrouve à voyager dans tout le pays, en Ecosse, au Pays de Galles, partout, pour aller dans les mairies, rencontrer des gens pour expliquer Park Run. Que c’est positif pour eux car ça crée des communautés, de la cohésion, et que c’est bon pour la santé des gens. C’est une super porte d’entrée, et ça permet d’avoir plus de gens dans les clubs, dans les salles de sport. Cela aide les gens à être en bonne santé, car en Angleterre, l’obésité est tout de même plus importante qu’en France.

O.B : En fait, en France, tu n’as pas réussi à vraiment implanter le concept malgré toute l’énergie déployée ?

A.A. : En France, cela a été plus compliqué. La mentalité est différente. Il a fallu adapter le concept aux lois françaises, qui ne sont pas du tout pareilles en termes d’organisation du sport. Il y avait le problème du certificat médical obligatoire en France, au contraire de l’Angleterre. Aussi, après le succès de l’Angleterre, deux pays l’ont lancé en même temps, la France et l’Italie. Il n’y avait pas vraiment de stratégie de lancement, et l’idée était de démarrer très progressivement. Ensuite, pour d’autre pays, la technique a été de lancer 15 Park Run en même temps dans 15 villes, avec une grosse communication. Pour moi, personnellement, j’ai eu de belles expériences. Comme avec la Mairie de Paris, où ils étaient super motivés. On en a lancé 3 en Ile de France. Mais je sentais que j’étais arrivée au bout de quelque chose car c’était beaucoup de temps. Mais c’était une belle expérience de partir de zéro et de lancer dans un nouveau pays. Cela n’a pas été le succès voulu, mais au final, avec les 8 Park Run lancés en France, on a des belles histoires de vie de personnes qui nous disent que ça m’a changé la vie. Je pense qu’il y a un potentiel.

O.B. : Même si Park Run est actuellement perturbé par le COVID.

A.A. : Il s’est complètement arrêté depuis mars 2020, et il n’y a que deux pays qui ont repris les Park Run, l’Australie et la Nouvelle Zélande. En Angleterre, le concept Park Run junior développé sur 2 km reprend le 12 avril. Et pour le 5 km, c’est encore en stand by.

O.B. : Après cet épisode Park Run, tu es ensuite revenue vivre en France, et tu t’es orientée vers un travail plus administratif dans une Communauté de Communes près de Bordeaux.

A.A. : Oui, mais j’ai d’abord eu l’expérience ratée de la Ligue d’athlétisme de l’Aquitaine. Cela a été une expérience manquée. Derrière, j’ai trouvé un travail dans une Communauté de Communes dans le domaine événementiel. Mon premier poste dans le public.

O.B. : Là, c’est un virage complet.

A.A. : Oui, virage complet. J’y vais pas à reculons, j’avais envie de travailler, je me suis dit qu’une expérience dans le public peut me servir, pour peut-être plus tard m’investir dans le sport dans une mairie ou une collectivité. Au final, je me suis rendue compte que le sport me manquait. Mais c’était une collectivité très portée sur l’environnement, le zéro déchet, les projets d’initiative publique respectueux de la nature. C’était très intéressant de travailler dans une collectivité où il y a un engagement fort. Mais je ne me voyais pas rester là-bas éternellement.

O.B. : Qu’est-ce qui a motivé le retour à Londres ?

A.A. : J’ai deux filles de 5 et 8 ans. Notre vie dans un village du sud-ouest de la France, près de Bordeaux, était particulière puisque mon mari avait conservé son emploi à Londres, et faisait donc des allers et retours permanents. C’était devenu plus compliqué pour les filles en grandissant. J’ai trouvé qu’il fallait qu’on se pose tous les quatre à un endroit précis. Alex avait son emploi à Londres. il ne pouvait pas se projeter professionnellement sur Bordeaux, et la seule possibilité aurait été Paris. On a préféré Londres, car les filles sont déjà bien bilingues, ça ne fera que les aider pour le bilinguisme. Il a eu une opportunité professionnelle au même moment. On a inscrit les filles à l’école française, car on pense rester quelques années. Londres reste une capitale, et ce n’est pas l’idéal pour élever nos filles dans le long terme. On se projette sur 2-3 ans, on pense revenir ensuite et les filles reprendront là où elles se sont arrêtées en France. En mai du confinement, on a obtenu une place à l’école française. On a dit, on vend la maison et on part.

O.B. : L’adaptation s’est bien faite pour toute la famille ?

A.A. : Oui, très bien comme d’habitude. Alex appréhendait beaucoup pour les filles car ça change leur vie. Moi, j’ai vécu une vie où j’ai toujours déménagé. J’en reviens à mon enfance, et comment j’ai grandi. Pour moi, déménager est une chance, c’est super. J’ai transmis toute cette positivité et cette excitation aux filles, et à Alex. Elles étaient ravies. Ca s’est super bien passé. Nouveaux copains, nouvelle vie, nouveau cadre. Tout est nouveau. Mais elles connaissaient déjà bien Londres, on venait souvent. On a de la famille ici, leur grand-mère, leur tante. On a des amis.

O.B. : Et toi, tu te prépares à retrouver un nouvel environnement professionnel ?

A.A. : Par rapport au déménagement, c’était important que je me focalise sur la famille. J’avais prévu que jusqu’à début 2021, je sois là pour que les filles s’adaptent bien à leur nouvelle vie. Et maintenant que je commence plus à penser à moi, je me projette plus dans le sport. Il y a de gros évènements qui arrivent à Londres, l’Euro de foot dans quelques mois, avec les phases finales, et l’année prochaine, l’Euro féminines. Pourquoi pas ? Mais je reste une maman, je n’ai pas envie de trop bouger.

O.B. : Tu reviens souvent vers le foot, qui était ton sport. Tu le pratiquais d’ailleurs quand tu étais à Millau.

A.A. : En fait, j’ai commencé le foot à Creissels. Puis j’en ai fait à la Fac, en STAPS à Rodez. En arrivant à Londres, la première fois, je me suis inscrite au club local, Queens Park Rangers. Le foot féminin est beaucoup plus développé en Angleterre qu’en France. C’était un super club. J’ai progressé, je suis arrivée au niveau de l’équipe première, j’ai joué en semi- professionnelle. Ca a été une super expérience. Les hommes étaient en deuxième division, il y avait beaucoup de moyens, de gros investisseurs.

O.B. : C’est un beau parcours, du club de Creissels à semi-pro en Angleterre !

A.A. : C’est ma petite fierté. L’année dernière, des garçons avaient dit à ma fille qu’elle ne pouvait pas jouer au foot, car c’était pas pour les filles. Je lui avais donné une photo de moi au foot.

O.B. : Quelles relations entretiens-tu avec Millau maintenant ?

A.A. : J’ai tissé plein de liens d’amitié à Millau. Le coin est magnifique. On revient chaque année pour les Templiers. Pendant une longue période, je n’ai raté aucun Templiers. Je revenais pour être bénévole, soit de Paris, de Marseille, de Londres. Je retrouvais aussi Sara, une amie connue à Millau. J’ai amené Alex de suite, et après, on est venus avec les filles. Eva dans le porte-bébé, elle avait 3 mois. J’ai aussi amené des amis de Londres, passionnés de course à pied. J’ai même amené Paul, le créateur de Park Run, il est venu deux fois, aussi avec des amis. Lui aussi, il adore. J’ai aussi couru plusieurs fois, la Templière, la Monna Lisa. Surtout au-delà de la course à pied, c’est un endroit où on aime se retrouver. On passe une semaine, on déconnecte. C’est un cadre tellement beau et sympa.

O.B. : Tu mentionnes Sara (Tuoni), qui est ton amie depuis le lycée à Millau.

A.A. : Sara, c’est comme ma sœur. Elle a été témoin à mon mariage. On s’est connues à Millau, au lycée. Elle faisait partie d’une association créée par mon père pour aider les enfants victimes des mines anti-personnelles en Angola. On était plusieurs lycéens dans l’association. On allait vendre des gâteaux à la sortie de l’église ou du temple pour avoir un peu d’argent. Sara faisait partie de cette association. Elle est toujours motivée, impliquée. Les liens se sont resserrés. On était en S ensemble. On a fait STAPS ensemble, elle est partie en éducation motricité et moi en management. On est toujours restées très proches, même si on était loin. Et on se retrouvait aussi à chaque fois bénévole aux Templiers. On se retrouvait une semaine ensemble, on échangeait sur nos vies. On prenait plaisir à aider sur les Templiers. Chaque année, c’était devenu notre moment.

O.B. : Tes parents étaient originaires de l’Angola, et tu as ensuite souhaité y retourner comme un retour aux sources.

A.A. : Oui, j’y suis retournée en 2010. Mes deux parents sont originaires d’Angola. Ils sont partis à cause de la guerre civile, pour habiter en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre. Quand on était retournés avec eux en Afrique, on était allés au Zaïre. Moi, j’ai pu retourner en Angola, en 2010, l’année où ils organisaient la Coupe d’Afrique des nations en foot. J’en ai profité pour voir des matchs. Pour moi, c’était vraiment un retour aux sources. C’était très bizarre, je ne parlais pas la langue, le Portugais, ou le kicongo. Je ne me sentais pas légitime, je me sentais trop française. J’ai pu rencontrer ma famille, revoir ma grand-mère que je n’avais pas vu depuis longtemps, leur présenter Alex. On a été accueillis avec tellement de bienveillance et d’amour. Cela a été une expérience extraordinaire.

O. B. : C’était nécessaire dans ton parcours de vie.

A.A. : Oh oui. Cela a changé beaucoup de choses. Même si mon père et ma mère avaient pris le temps de nous raconter. On connaît leur histoire. Mais de le vivre, de pouvoir marcher dans le village de son père, dans la campagne. Embrasser ses oncles, sa grand-mère. Voir l’école où il a grandi. C’était vraiment important pour moi.

O.B. : Comment se déroule l’épisode COVID pour vous maintenant en Angleterre ?

A.A. : C’est assez marrant car quand l’épisode COVID a commencé, en mars 2020, on était en France. On a toujours le regard sur les deux pays. On avait Macron qui prenait les décisions, le confinement. Et Johnson, lui, ne voulait pas confiner, il attendait l’immunité collective. Quand on est arrivés en août, c’était mieux géré. Boris Johnson avait été tellement critiqué, il a pris les choses en mains. Il a pris la décision du confinement en décembre. Là, fin mars, on est sorti du tunnel. La vaccination a été très forte. On est maintenant à 50% de la population. Depuis hier, les magasins rouvrent après plus de 4 mois de fermetures. C’était vraiment un confinement strict, une seule sortie par jour. Mais avec les filles, on a fait des choses qu’on ne faisait pas avant. On a fait beaucoup de sorties dans les parcs. On a pris un abonnement à Kew Gardens, le jardin botanique, qui est vraiment extraordinaire. Et finalement, ce n’était pas désagréable !

Entretien réalisé par Odile Baudrier

Photos : Anita Afonso