La vaccination contre le COVID très attendue à Millau

La vaccination contre le COVID se révèle très attendue à Millau, au vu des demandes formulées auprès des médecins et pharmaciens de la Ville, comme le confirment le Docteur Chantal Sicard et le pharmacien Thierry Castanier. La vaccination devrait débuter ce jeudi au centre hospitalier de Millau, pour les personnes prioritaires.

« Quand pourrais-je être vacciné ? » C’est la principale question posée au quotidien au personnel de la pharmacie du Viaduc. Thierry Castanier, son patron, le confirme, l’impatience est grande dans la clientèle de sa pharmacie. Et même s’il souligne : «Bien sûr, nos clients sont des malades, et donc évidemment plus pro-actifs », son constat est simple : « Les gens ont envie de le faire ».

L’analyse n’est guère différente pour le Docteur Chantal Sicard, de la Maison de Santé des Ondes, qui témoigne de patients très favorables à la vaccination. Et ses contacts avec ses autres confrères et consoeurs de Millau et environs, lui confirment la même tendance, avec peu d’opposition.

En particulier dans les maisons de retraite, où les directions des différents lieux, Cheveux d’Ange, Ste Anne, Ayrolle, font état d’un accord de la quasi-totalité des résidents. Et la petite poignée de refus enregistrée viendrait plutôt de la famille des résidents.

Le vaccin, une responsabilité collective

Malgré tout, l’équipe médicale de la Maison de Santé des Ondes s’est coordonnée pour apporter des réponses face aux questions que suscite cette campagne inédite de part son ampleur et sa rapidité de mise en œuvre. Car le Docteur Sicard l’admet : « Plus on descend en âge, plus la volonté de se faire vacciner est réduite. Les gens voient moins l’intérêt. Car je pense qu’on a raté un message sur la protection collective qu’apporte ce vaccin ».

Or cet aspect de la responsabilité collective est un élément fort pour inciter à la vaccination. Surtout dans une période où la vie de tous et toutes est entravée au quotidien par l’interdiction d’un grand nombre d’activités, du culturel au sportif en passant par la fermeture des bars et restaurants, et par le couvre-feu.

La prise de conscience que le vaccin s’avère être la seule solution pour sortir de cet engrenage limitant les vies depuis près d’une année amène de nombreuses personnes à reconsidérer leur hostilité première au vaccin. Ainsi Marie, 65 ans, souligne : « Je veux être vaccinée car le confinement pèse trop sur les jeunes. J’en ai assez de les empêcher de vivre, pour protéger les personnes « à risque », et j’en fais partie par mon âge. Il faut être responsable ! » Même son de cloche chez Isabelle, 50 ans, qui a hâte d’être vaccinée pour que la “vie de nos jeunes puisse reprendre”.

Les migraines dûes au masque, un effet secondaire du COVID !

Sylvie, caissière dans une moyenne surface de Millau, explique, elle, : « Au début, j’étais contre le vaccin car il a été fabriqué très vite. Mais maintenant, j’ai hâte de le recevoir. J’en ai marre de cette vie, j’aimerais pouvoir reprendre une vraie vie. » Avec aussi, elle l’avoue, une certaine peur au quotidien dans ce métier de contacts, où défilent chaque jour devant elle environ 200 clients. Et comme beaucoup de personnes contraintes au port du masque 7 à 8 heures par jour, elle souligne les maux de tête qu’elle ressent régulièrement, et insiste en plaisantant : « C’est un effet secondaire. Mais du COVID, pas du vaccin ! »

Car justement, pour elle, comme pour beaucoup d’autres personnes, ce sont les effets secondaires du vaccin qui font hésiter. Un élément qu’on accueille avec un certain sourire à la Pharmacie du Viaduc, puisque comme le rappelle Thierry Castanier : «Dans une pharmacie, on vit au quotidien avec les effets secondaires des médicaments. » Un simple Doliprane peut provoquer chez certains une réaction allergique, voire une hépatite.

Et le Docteur Sicard d’expliquer : « Quand on questionne les personnes réticentes pour savoir quels effets secondaires ils craignent, ils sont incapables de les citer, qu’ils soient professionnels de santé ou patients. Ils ont peur. Une patiente m’a ainsi dit « De mon oreille droite, je me ferai vaccinée, et de mon oreille gauche, je ne le ferai pas ! »

La lenteur de la vaccination a un effet positif !

 Mais Chantal Sicard se veut viscéralement optimiste sur ce point : « Les pays voisins ont vacciné des centaines de milliers de gens, et il n’y a pas eu de listes des effets secondaires immédiats. Pour moi, la lenteur de mise en route a un effet bénéfique. Si tellement de gens sont furieux de cette lenteur, c’est parce qu’ils n’estiment pas la vaccination si dangereuse. »

A l’opposé, c’est justement la vitesse de développement de ce vaccin, qui suscite beaucoup de questionnements. A la maison de santé des Ondes, la réponse a été bien peaufinée : « Je rappelle que le vaccin ARN n’est pas une découverte récente, et qu’il est le résultat de travaux qui datent de près de 30 ans. J’utilise aussi des métaphores : si vous construisez votre maison tout seul ou à deux, vous mettrez 2 ans. Et à 20, deux mois. Il y a eu beaucoup de moyens donnés aux équipes de chercheurs. Et il y eu le test sur beaucoup de patients car il y avait la pandémie. »

Pour appuyer ses propos, le Docteur Sicard peut maintenant se référer à une BD créée par Védécé un interne en médecine déjà auteur de trois tomes de Vie de Carabin. Ce mystérieux carabin au joli coup de crayon résume parfaitement la situation avec quelques dessins très étayés : « Le vaccin ARN a été testé sur environ 20.000 personnes avant d’être sorti. C’est énorme ! Pour les autres vaccins, on est plutôt autour de 2000 patients. » Autre petit rappel intéressant : « Le risque d’effet secondaire du vaccin est de 1/100.000 et celui de se faire renverser par une voiture est de 5/100.000. » D’où sa conclusion : « On pourrait presque dire qu’on a plus de risques de se faire renverser en allant se faire vacciner que d’avoir un effet secondaire du vaccin ! »

Vous êtes d’extrême droite ? Vous êtes QAnon ???!!!

Et puis, Chantal Sicard l’avoue en riant : J’ai aussi un argument ultime « Vous êtes contre le vaccin car vous êtes de l’extrême droite ? Vous êtes QAnon ?? je l’utilise très rarement car j’ai des patients adorables… »

Sur Millau, l’ensemble des médecins s’est emparée avec vigueur de ce problème, ils se révèlent très défenseurs de la vaccination, prêts à participer à la vaccination. Et également, comme à travers toute la France, prêts à se faire vacciner rapidement pour donner l’exemple. Chantal Sicard confie : « Nos patients ont une grande confiance en nous. Ils nous demandent Et vous, vous vous ferez vaccinée ? Quand je leur réponds que oui, et que compte tenu de mon âge, je vais peut-être être vaccinée cette semaine, cela les rassure ! »

Car c’est en principe dès ce jeudi au Centre Hospitalier de Millau que la campagne débutera pour le Sud Aveyron, d’abord à destination des publics prioritaires. Sera-t-elle ensuite étendue vers les maisons de santé et les pharmacies ? Les consignes ne sont pas encore précises. Mais d’ores et déjà, ces deux professionnels annoncent être prêts pour s’attaquer à cette énorme opération. Surtout que comme le rappelle Thierry Castanier : « Les pharmaciens ont vacciné 1.5 millions de personnes contre la grippe en 1 semaine et demi. »

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photos : Shuttershock et Dessins de Védécé